La catastrophe est un événement soudain (une « rupture de temporalité » selon Yoann Moreau[1], p.33) qui détruit tout ou partie de l’environnement d’une société ou d’un groupe social. Sa source peut être naturelle, anthropique ou encore une combinaison des deux. Quant à ses conséquences, elles peuvent être de toutes natures : létale, matérielle, économique, sociale, psychologique, etc. Ainsi, l’éruption du Vésuve en l’année 79 de notre ère et la destruction de Pompéi et Herculanum qui s’en est suivie constituent une catastrophe d’origine naturelle, aux dommages essentiellement létaux et matériels. Le naufrage du Titanic, en avril 1912, est une catastrophe qui mélange origines naturelles et humaines, et qui a des conséquences létales et économiques. De son côté, le jeudi noir d’octobre 1929 a des sources essentiellement financières et des conséquences à la fois économiques et sociales pour les Etats-Unis et le reste du monde développé.
Il est difficile de définir des seuils de dommages qui feraient quitter le domaine du simple accident pour entrer dans celui de la catastrophe. Le fait qu’un événement soit identifié comme tel ou pas au sein d’une société donnée va dépendre à la fois des contextes économique, social et culturel de celle-ci, ainsi que des précédents historiques connus. En France, en février-mars 2010, la tempête Xynthia, qui a fait 59 victimes, a été vécue comme une véritable catastrophe ; mais elle n’aurait certainement pas été perçue de cette façon au Bengladesh. En effet, dans ce pays, les submersions marines et les inondations dues aux moussons y sont fréquentes et peuvent, à chaque survenue, causer des centaines voire des milliers de morts. En novembre 1970, la submersion due au cyclone de Bhola, survenue dans l’Etat du Bengale-occidental en Inde et au Pakistan oriental (futur Bengladesh), aurait fait, selon la plupart des estimations, de 300.000 à 500.000 morts.
Notons que la notion de catastrophe peut aussi s’appliquer à l’échelle de l’individu. Ainsi, quelqu’un qui perd soudainement et simultanément son travail et sa compagne ou son compagnon voit une grande partie de son environnement (professionnel et affectif) disparaître. Il s’agit donc pour lui d’une véritable catastrophe, et c’est généralement ainsi qu’il nomme ce qui lui arrive.
[1] Y. Moreau, Vivre avec les catastrophes, Paris, Puf, 2017, p.33.