La notion de contrôlabilité individuelle d’un risque rend compte de la possibilité pour celle ou celui qui y est confronté d’adopter un ou des comportements lui permettant de le réduire ou même de s’y soustraire totalement. On peut se représenter cette contrôlabilité comme un continuum allant d’un pôle où elle serait « très importante » à un autre où elle serait « inexistante », tous les stades intermédiaires étant possibles. Par exemple, on peut estimer que le risque de contracter le VIH fait partie de la catégorie des risques hautement contrôlables, puisqu’il existe des méthodes prophylactiques bien adaptées pour éviter d’être contaminé, que ce soit par le vecteur du sang ou celui du sperme. En revanche, le risque d’être victime d’un tremblement de terre quand on habite sur une faille sismique majeure n’est, individuellement, quasiment pas contrôlable. Entre ces cas proches de chacun des deux pôles se situe l’exemple du risque d’être contaminé par le Sars-CoV2, virus à diffusion essentiellement aérienne, donc contrôlable mais moins que le VIH. En effet, si le lavage fréquent des mains, le port d’un masque et les autres mesures barrières préconisées par les autorités sanitaires diminuent fortement la probabilité de contracter la maladie, il existe néanmoins des situations sociales où il est difficile de se tenir strictement à l’écart d’objets touchés ou d’air expiré par des personnes contaminées.  

L’optimisme comparatif* – qui nous incline généralement à nous sentir personnellement moins menacés qu’autrui – se révèle souvent plus important pour les risques contrôlables que pour ceux que l’on subit. Si l’on peut s’imaginer être plus rigoureux et plus prudent que la moyenne des individus, et donc moins en danger de contracter le VIH ou d’être victime d’un accident de la route, il est difficile de tenir le même type de raisonnement pour des risques qui échappent totalement à notre volonté : catastrophe nucléaire, tsunami, éruption volcanique ou encore accident industriel majeur. Dans ces derniers cas, à moins de n’habiter ou de ne traverser que les espaces géographiques parfaitement exempts de ces différents risques, agir pour accroître sa sécurité n’est guère possible. En fait, dans ces exemples, s’il y a contrôlabilité du risque, elle ne se situe pas au niveau individuel mais collectif. C’est à l’échelon d’un pays ou d’un groupe de pays (come l’Union Européenne) que l’on peut imposer des règles de sécurité et des dispositifs de contrôle qui augmentent la maîtrise de ces risques. On le constate, côté risques technologiques, pour l’industrie « classique » ou nucléaire et, côté risques naturels, pour les tsunamis ou les irruptions volcaniques.