La cindynique, à qui l’on donne aussi parfois le nom de « science du danger », désigne l’étude des situations à risques et leur prévention. Le mot, forgé à partir du grec kindunos, a été utilisé pour la première fois le 8 décembre 1987, lors du colloque « La maitrise des risques technologiques », organisé à Paris par l’Association des cadres dirigeants de l’industrie pour le progrès social et économique (ACADI)[1].
La cyndinique s’appuie sur un certain nombre de paramètres relevant de domaines différents : techniques, organisationnels, sociaux, etc. Aussi peut-on dire qu’elle constitue un savoir et une pratique pluridisciplinaires, croisant des connaissances en provenance des sciences exactes (chimie, physique, géologie…) et des sciences sociales (sociologie, économie, psychologie, sciences de gestion…). Lorsqu’elle se penche sur un risque, la cindynique a pour ambition d’en faire une cartographie exhaustive, de le rendre aussi intelligible que possible ; le but étant in fine d’agir pour le réduire si ce n’est l’élimier. Un des outils privilégiés de la cindynique est l’étude des différents accidents et catastrophes dont nous avons connaissance. On pratique alors la décomposition des différentes étapes de l’événement et l’analyse du rôle joué par chaque type d’acteur. De manière générale, il s’agit, dans un système organisationnel producteur de situations à risque, de repérer les incohérences de comportement internes aux différents types d’acteurs impliqués dans l’événement et les incompréhensions et conflits propres aux interactions qu’ils ont eues. Sont prises en compte aussi bien la dimension statistique (mémoire des faits) de la situation à risque, que les dimensions déontologique (règles suivies), téléologique (objectifs poursuivis) et axiologique (valeurs de référence) des individus impliqués dans celle-ci.
Si la démarche cindinyque peut s’appliquer à toutes sortes de risques, ses domaines de prédilection semblent, aujourd’hui, être beaucoup plus ceux des risques technologiques, notamment industriels, que naturels. De grandes groupes spécialisés dans la production de biens technologiques, tels Thalès, Airbus ou AREVA, ont développé des démarche cindyniques, notamment à travers leur adhésion à l’Institut pour la Maîtrise des Risques (IMdR).
[1] « Naissance de la cindynique. Une science du risque », Le Monde, 10 décembre 1987. Accessible à l’adresse : https://www.lemonde.fr/archives/article/1987/12/10/naissance-de-la-cindynique-une-science-du-risque_4076376_1819218.html